Un père mis en examen et écroué pour l'assassinat de sa fille handicapée

MELUN — Un père a été mis en examen pour assassinat et écroué mercredi soir, après le décès par étouffement de sa fille handicapée de six ans deux jours plus tôt dans leur domicile de Seine-et-Marne.

 

Présenté dans la soirée à un juge des libertés et de la détention (JLD), il a été placé sous mandat de dépôt, conformément aux réquisitions du parquet.

 

Les faits se sont déroulés dans le pavillon familial de Boulancourt, un petit village du Gâtinais, près de Nemours. Lors de son audition par les gendarmes, cet homme a reconnu avoir étouffé sa fille unique, "polyhandicapée", souffrant de "difficultés de paroles" et d'un handicap moteur l'obligeant à être en fauteuil.

 

Il a expliqué aux enquêteurs que s'occuper d'elle était "devenu une charge trop lourde", a indiqué une source judiciaire. Selon une source proche de l'enquête, le père, dont l'épouse est dépressive, a également reconnu qu'il "y avait déjà pensé".

 

La fillette était "bien prise en charge", avec des "parents aimants", selon cette source. "Scolarisée en institut spécialisé pour jeunes handicapés", elle "rentrait chez elle tous les soirs".

 

Mis en examen pour "assassinat sur mineur de moins de 15 ans par ascendant", le père encourt la perpétuité. Les motivations qui l'ont conduit à passer à l'acte n'ont pas été révélées.

 

Si les les circonstances exactes du cas de Boulancourt ne sont pas connues, de tels cas d'infanticides de jeunes handicapés émeuvent régulièrement l'opinion.

 

Comme l'avait reconnu le procureur de Rennes, Hervé Pavy, après la mort d'une fillette à Saint-Malo en août, "la justice humaine est un peu désarmée" face à de tels drames. Evoquant la mère de cette fillette, le magistrat avait reconnu que son acte présumé pouvait être "qualifié d'assassinat, mais aussi d'acte de désespérance".

 

Les assises se montrent en règle générale clémentes pour ces homicides d'enfants handicapés, ne prononçant qu'exceptionnellement des peines de prison ferme contre les parents.

 

En 2008, l'affaire Lydie Debaine avait été très médiatisé. Acquittée en première instance, cette mère "exemplaire" selon son avocate, avait été condamnée en appel à deux ans avec sursis pour avoir donné plusieurs cachets d'anxiolytiques à sa fille Anne-Marie, 26 ans, avant de la plonger dans une baignoire le 14 mai 2005 à Groslay (Val-d'Oise).

 

En 2006, âgée de 80 ans, Léonie Crevel avait été condamnée à la même peine à Rouen après avoir expliqué avoir voulu "mettre fin aux souffrances" de sa fille de 41 ans.

 

En 2008, une mère de 58 ans avait entendu l'avocat général des assises de la Meuse demander aux jurés de "retenir la main gantée de la justice" au moment de la condamner pour avoir étranglé son fils autiste et malvoyant de 26 ans.

 

L'affaire du jeune tétraplégique Vincent Humbert, qui avait demandé à mourir, et le combat de sa mère Marie, avaient ému la France au début des années 2000, suscitant un débat sur l'euthanasie et le vote de la loi d'avril 2005 sur le "droit au laisser mourir". Un temps inquiétée par la justice pour avoir tenté de provoquer la mort de son fils en injectant des barbituriques dans une perfusion, Marie Humbert avait bénéficié d'un non-lieu.

 

D'après l'AFP

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